La Charte euro-méditerranéenne pour l’égalité lancée à Madrid


 

La Charte euro-méditerranéenne pour l’égalité des femmes et des hommes dans la vie locale (ou Charte EuroMed) a été officiellement lancée à Madrid (Espagne) les 21 et 22 novembre 2016. C’est le fruit d’une coopération de 42 mois entre les gouvernements locaux et les organisations de la société civile travaillant sur l’égalité des sexes dans le voisinage du Sud.

 

La conférence a été organisée par le partenaire de PLATFORMA, la Fédération espagnole des municipalités et des provinces (FEMP). Mireia Espiau, experte en égalité de l’Association des municipalités basques, a pris la parole au nom du président du Comité permanent pour l’égalité du CCRE, Ibon Uribe, qui était invité à partager les expériences de la Charte européenne de l’égalité. Elle a félicité la Conférence permanente des Pouvoirs locaux de la Méditerranée (COPPEM) et les partenaires du projet pour leur initiative et a encouragé les premiers signataires dans leur nouvel engagement.

 

La préparation de la Charte EuroMed, conduite par la COPPEM et soutenue par l’Union européenne, s’est déroulée par le biais de tables rondes locales. Des partenaires du bassin méditerranéen, allant de l’Espagne à la Tunisie, ont participé au projet et contribué à l’élaboration du texte de la Charte, lors de plusieurs réunions de l’Equipe régionale d’élaboration (RET), qui eurent lieu dans des pays tels que l’Algérie, l’Egypte et l’Italie. Les gouvernements locaux et régionaux et les organisations de la société civile échangèrent plus de 80 bonnes pratiques au cours de ces tables rondes. Ces bonnes pratiques ont été enregistrées et elles seront disponibles sur une base de données interactive, appelée « wikipractice », afin de les partager et promouvoir l’égalité.

 

La Charte EuroMed, s’inspirant de la Charte européenne pour l’égalité, se fonde sur les principes simples de l’égalité entre hommes et femmes dans la vie locale et fournit des moyens concrets pour les autorités locales de faire progresser l’égalité au sein de leurs territoires. « Il existe un lien fort et symbolique entre ces deux Chartes et c’est le moment de relancer l’élan de l’initiative originelle, ainsi que ces principes sous-jacents…ces Chartes mettent au défi un ennemi commun : la discrimination, » souligna Adly Hussein, premier Vice-Président de la COPPEM.

 

Pourquoi une Charte euro-méditerranéenne ?

Un panel des participants du projet ont discuté du besoin d’une Charte de l’égalité dans la vie locale dans la région euro-méditerranéenne.

 

Le nouveau texte traite quelques problèmes qui requièrent une urgence spécifique dans le bassin méridional, tels que le mariage précoce et forcé et les prétendus « crimes d’honneur ». Tandis que les femmes à travers la planète doivent faire face à la discrimination et rencontrent des difficultés pour accéder aux services sur un pied d’égalité avec les hommes, de nombreux pays participant au projet traversent actuellement une période de transition difficile, ce qui a un impact sur les femmes. Par exemple, en Egypte, 37.3 % des femmes sont illettrées et « au moins 2 million de femmes (sur une population totale de 82 millions) n’ont pas de documents d’identité » [1], ce qui entrave leur possibilité de travailler, de voter ou même d’avoir un compte bancaire.

 

David Lucas Parrón, président de la Commission des relations internationales de la FEMP, rappela que l’égalité des sexes est une priorité à l’ ordre du jour de l’association espagnole et qu’elle entreprendra des actions positives pour promouvoir et pour mettre en œuvre les deux Chartes sur l’égalité. Le secrétaire général de la FEMP, Juan Ávila Francés, a mis l’accent sur l’obligation de coopération entre les gouvernements locaux en Europe et dans le bassin méditerranéen pour le développement des municipalités. La FEMP soutient ce travail et souhaite donner l’exemple, notamment par le biais de PLATFORMA, la voix européenne des autorités locales et régionales pour le développement.

 

L’avis des des coordinateurs et coordinatrices

Les expert.e.s coordinateur.trice.s de chaque pays participant ont raconté leurs expériences et ce qui a été acquis via les échanges internationaux. Lablou Cacimi, se prononçant au nom de Saida Brahim Bounab, l’experte coordinatrice algérienne, a souligné que l’expérience a contribué à la sensibilisation des gouvernements locaux à propos de l’égalité des sexes, des droits des femmes, et a présenté des actions qu’ils peuvent entreprendre afin de faire une différence.

 

Pour José Antonio Vázquez Barneto, maire de Salvatierra de los Barros (Badajoz) et membre de la Commission des relations internationales de la FEMP, la dimension internationale du projet est un moyen de construire un dialogue et une entente, et par conséquent, un meilleur monde. Le coordinateur local pour la Palestine, Yasser Hemadan, a développé ce point en soulignant que le « féminisme espagnol et italien ne peut pas être le même en Algérie ou à Malte. Nous nous trouvons dans un processus d’échanges respectueux. » Il a aussi souligné que les moyens financiers sont une difficulté rencontrée lors de la mise en place de mesures contenues dans une charte pour l’égalité. Des moyens financiers adéquats et suffisants sont absolument nécessaires pour le succès de ces initiatives, notamment dans les territoires palestiniens.

 

S’il y a toutefois eu des désaccords sur la définition et la portée de certains termes dans le texte, lors de réunions préparatoires, Chiara Cruciati, experte coordinatrice pour la Palestine, a mis en avant le résultat positif du document final : « Cette Charte est fondée sur une approche ascendante, de la base, résultant d’un débat entre partenaires internationaux afin de mettre la pression sur des niveaux de gouvernance supérieurs dans le but d’appliquer les principes entérinés dedans. La Charte n’est pas une fin en soi ; il s’agit d’une arme pour lutter pour la cause de l’égalité. Nous n’allons pas nous arrêter là et tout oublier. Nous devons prendre des actions et lui donner un contenu tangible, article par article. »

 

Les bonnes pratiques

Pour finir, plusieurs bonnes pratiques identifiées pendant l’élaboration du projet ont été  présentées par un panel d’élus locaux. Ana María Besalduch, maire de Sant Mateu (Castellón, Spain) et membre de la Commission des relations internationales de la FEMP, a partagé les mesures que Sant Mateu a entreprises pour atteindre l’égalité des sexes. De telles mesures incluent : l’offre de cours abordables pour améliorer son CV (90 % des participants sont des femmes), fournir des services de soins pour les personnes âgées dans les cliniques, des crèches pour que les femmes puissent continuer leur éducation et/ou leur travail, et une discrimination positive dans les marchés publics, c’est-à-dire que les entreprises qui ont des plans d’action égalitaires auront plus de chances d’être choisies.

A Palerme (Italie), les heures de travail dans le service public sont organisées pour équilibrer vie professionnelle et vie sociale (ex : ne pas avoir de réunions tardives, etc.)

 

Les prochaines étapes

La COPPEM et les partenaires du projet continueront leurs échanges et partages d’expériences. Ils dirigent actuellement leurs efforts vers la dissémination et la mise en oeuvre de la nouvelle Charte.

 

LIENS

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*“Promotion of Policies for Equality in the Euro-med Region” (ENPI/2013/311-826)



[1] http://en.international-advice.org/non-class%C3%A9-en/a-charter-for-women-of-the-mediterranean.html

 

 


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