Projet pour promovoir la conciliation des temps



En 2008, l’Institut espagnol de la Femme a lancé, en s’appuyant sur les associations espagnole (FEMP) et norvégienne (KS) un projet-pilote sur la conciliation des temps financé par l’Espace économique européen (EEE).

 

Ce projet vise à améliorer les politiques publiques locales et à offrir aux citoyens la possibilité de mieux articuler leurs temps de vie (professionnel, privé et de loisir) par la mise en place de plan de conciliation des temps dans 10 villes espagnoles.

 

Cela a donné lieu en 2010 à la publication d’un guide de bonnes pratiques de conciliation des temps à l’intention des autorités locales dans lequel étaient réunies et analysées les meilleurs exemples norvégiens et espagnols. La collaboration entre la Norvège et l’Espagne s’est montrée très fructueuse puisqu’il a permis un échange de bonnes pratiques entre les deux pays.

 

Les recommandations figurant dans le guide final sont les suivantes :

  • Mise en place de mesures transversales dans les politiques publiques afin de prendre en compte les aspects professionnels, personnels et domestiques de la vie ;
  • Mise en place de mesures visant le secteur privé afin de promouvoir l’idée que la conciliation des temps va de paire avec l’augmentation de la productivité (sensibilisation, promotion des aménagements d’horaires et du travail à distance)
  • Mise en place d’interventions au sein de l’administration locale dans son rôle d’employeur (en luttant contre les discriminations en interne et en promouvant une culture de l’autogestion et de la confiance auprès des salariés) ;
  • Intégration d’un volet politique des temps dans la planification urbaine
  • Promotion des services et infrastructures qui favorisent la conciliation des temps de vie (horaires d’ouverture étendus, accès à bas pris, plateformes de transport multimodales)
  • Mise en place d’activité de sensibilisation au changement d’attitude concernant la question des temps (politiques d’éducation, incitation au partage des taches domestiques).

Fort de son succès, le projet Equilibrio-Balance a été reconduit pour la période 2013-2015. Il inclut désormais 15 collectivités espagnoles (Madrid*, Majadahonda*, Almería, Cádiz, Jaén, Candeleda, Torrepacheco, Cambre, Verín, Vilagarcia de Arousa, Barakaldo*, Mérida, Pedro Muñoz, Cabezón de la Sal et Ibiza) et 2 municipalités norvégiennes (Kristiansand* et Hamar).

 

*Collectivités signataires de la Charte Européenne pour l’égalité des femmes et des hommes dans la vie locale

 

Questions à María Segura, chargée du projet pour la FEMP et Marit Tovsen conseillère pour KS

 

D’où est venue l’idée d’une collaboration entre l’association norvégienne (KS) et l’association espagnole (FEMP) sur ce projet ?

 

L‘Espagne et la Norvège ont beau être deux pays très différents, ils ont beaucoup à apprendre l’un de l’autre en matière d’égalité entre les femmes et les hommes. La question de l’égalité s’est développée relativement récemment mais rapidement en Espagne ce qui a permis de parvenir à de bons résultats en la matière, notamment dans des domaines cruciaux comme les violences faites aux femmes. A l’inverse, en Norvège, la question de l’égalité s’est développée de façon continue sur un période plus longue ce qui a donné lieu à de bons résultats dans de nombreux domaines dont la conciliation des temps.

 

Pourquoi avez-vous décidé de centrer le projet sur la question de la conciliation des temps de vie ?

 

Les politiques visant à promouvoir l’égalité des chances entre les femmes et les hommes et à garantir l’égalité formelle et l’égalité réelle se sont largement développées ces dernières décennies, au niveau européen comme au niveau national.

 

La conciliation de la vie personnelle, familiale et professionnelle est un enjeu étroitement lié aux nouvelles réalités sociales, économiques et salariales européennes. Il s’agit probablement d’un des éléments les plus cruciaux de la question de l’égalité des chances entre les femmes et les hommes et il devrait être traité sous différents angles.

 

En Espagne, la conciliation des temps est un enjeu crucial car le pays combine un faible taux de participation des femmes au marché du travail ainsi qu’un faible taux de natalité. De son côté la Norvège a un fort taux de participation des femmes au marché du travail tout en ayant un taux de natalité assez faible – ce qui dénote une meilleure conciliation des temps de vie.

 

Pourquoi selon vous, la conciliation des temps est primordiale pour atteindre l’égalité entre les femmes et les hommes ?

 

Il est primordial que chacun puisse combiner sa vie personnelle et professionnelle. De plus les femmes aussi bien que les hommes devraient avoir la possibilité de combiner leur vie professionnelle et le fait d’avoir des enfants – s’ils le souhaitent.

 

Prendre des mesures pour promouvoir la conciliation des temps de vie a des répercussions sur l’amélioration de l’égalité formelle et réelle entre les femmes et les hommes. Cela permet de consolider un modèle de vie commune – dans lequel les responsabilités familiales sont partagées – qui contribue à faire tomber les barrières empêchant de combiner à la fois la vie professionnelle et familiale.

 

De plus la conciliation des temps est un enjeu crucial du développement économique et social dans la mesure où il permet une meilleure utilisation de la main d’œuvre disponible et augmente l’efficacité et la productivité des entreprises et de la société en intégrant les contributions des femmes comme des hommes.

 

Ce projet est-il lié à d’autres activités dans le domaine de l’égalité entre les femmes et les hommes menées par les collectivités locales ?

 

Ce projet n’aurait pas pu voir le jour sans un engagement fort des municipalités participantes. En étant au plus proche des réalités sociales, les municipalités sont le niveau de gouvernance le plus à même de combattre les inégalités et promouvoir une égalité réelle et efficace au sein de la société.

En ce sens, les municipalités impliquées dans le projet ont une grande expérience des politiques d’égalité ce qui fait de l’échange d’information et de bonnes pratiques lui-même un des buts de ce projet.

 

Pouvez-vous donner des exemples de bonnes pratiques ? 

 

En ce qui concerne le projet-pilote, les bonnes pratiques ont été rassemblées dans un guide (en anglais). Actuellement nous cherchons à en identifier de nouvelles en se basant sur de nouveaux objectifs.

 

 

Repères

En Espagne, en 2013, 53% des femmes avaient un emploi salarié (contre 64% des hommes)[1] et 26,3% d’entre elles travaillaient à temps partiel (contre 8% chez les hommes ayant un emploi salarié)[2].

En Norvège en 2013, 73% des femmes avaient un emploi salarié (contre 77% d’hommes)[3]. Cependant, 40% d’entre elles travaillaient à temps partiel (contre seulement 10% des hommes travaillant).

En ce qui concerne les naissances, en Espagne en 2012, le taux de natalité  (c’est-à-dire le nombre de naissances rapporté à l’ensemble de la population) était de 9,7 ‰[4] et le taux de fertilité (c’est-à-dire le nombre d’enfant par femme) était de 1,3[5].

En Norvège en 2012, le taux de natalité était de 12‰[6] et le taux de fertilité était de 1,9 enfant par femmes[7].

En guise de repère, le taux de natalité dans l’Union Européenne (28) en 2012 était de 10,4‰ en 2012 et le taux de fertilité était de 1,59 enfant par femmes.

 


[1] OECDE Better Life Index, OECD : http://www.oecdbetterlifeindex.org/countries/spain/

[2] Instituto Nacional de Estatisticas

[3] OECDE Better Life Index, OECD : http://www.oecdbetterlifeindex.org/countries/spain/

[4] Eurostat: http://epp.eurostat.ec.europa.eu/tgm/table.do?tab=table&plugin=1&language=en&pcode=tps00112

[5] World Bank data : http://datos.bancomundial.org/indicador/SP.DYN.TFRT.IN

[6] Eurostat: http://epp.eurostat.ec.europa.eu/tgm/table.do?tab=table&plugin=1&language=en&pcode=tps00112

[7] World Bank data : http://datos.bancomundial.org/indicador/SP.DYN.TFRT.IN


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