Transformer les villes: l’égalité des genres dans l’urbanisme


 

 

 

 

Quand Soumaya Majdoub, alors conseillère indépendante pour des fédérations d’entreprises travaillant sur l’entrepreneuriat, s’est retrouvée à être la seule femme à la table décisionnelle de plusieurs organisations avec lesquelles elle travaillait sur la question de la mobilité dans la ville, elle a compris que quelque chose n’allait pas et qu’il fallait y remédier. Avant de commencer son doctorat en démographie, elle travaillait pour de nombreux incubateurs et accélérateurs numériques et elle a pu constater l’existence de beaucoup d’initiatives sur les femmes dans les affaires, dans la tech ou encore dans le numérique … mais qu’en était-il des femmes dans l’urbanisme ?

 

C’est ainsi que naît l’initiative Women In Urbanism, incubée au sein d’Urbanpreneurs, le laboratoire de connaissances urbaines qu’elle a fondé pour apporter un nouvel éclairage sur l’entrepreneuriat, l’innovation et l’urbanisme dans la pratique quotidienne. À travers Women In Urbanism, Soumaya cherche à bousculer le status quo : les espaces publics ne sont pas une fatalité dont nous devons nous accommoder, ils ont été conçus à partir d’une idéologie, d’une certaine perspective qui peut et doit être bouleversée. S’inspirant des débats actuels sur cette question dans des pays comme les États-Unis ou la Nouvelle-Zélande, Soumaya espère réussir à attirer l’attention des décideur.euse.s européen.ne.s sur cette question.

 

 

 

Quel est le but du projet ?

 

En commençant par la ville de Bruxelles, ce projet vise à informer en premier lieu les décideur.euse.s politiques, qui ont parfois du mal à se mettre en phase avec les réalités du terrain. À cette fin, le projet adopte l’approche participative sur cinq niveaux qui garantit que les domaines politique, éducatif, économique, culturel et environnemental sont tous pris en considération dans la mise en place, l’évaluation, la mise en œuvre et la diffusion du projet.

 

Dans les mois à venir, une série d’évènements sera organisée ciblant les décideur.euse.s politiques et ouverts au grand public afin de réfléchir, d’éduquer et de rassembler différentes initiatives à travers le monde et de s’en inspirer. À travers ces évènements, Soumaya espère rassembler suffisamment d’avis des femmes qui façonnent l’espace public et de celles qui subissent les conséquences d’un urbanisme non inclusif dans leur vie quotidienne. En effet, l’objectif est d’impliquer les femmes dès la phase de conception du projet : la participation et la représentation sont au cœur de Women In Urbanism.

 

Ces femmes décideront des sujets et des bonnes pratiques à améliorer ou à écarter, dans le but d’obtenir au final une liste de problèmes biens définis qui feront l’objet d’une série de « créathons » et de hackathons. Les solutions trouvées seront ensuite formulées dans une série de recommandations politiques qui seront présentées conjointement avec un outil d’évaluation de l’impact sur le genre que les décideur.euse.s politiques pourront utiliser lors de la conceptualisation des politiques urbaines. Enfin, les meilleurs et les « pires » pratiques feront l’objet d’une publication et le projet reprendra dans une autre ville.

 

Pourquoi ce projet est-il intéressant pour les collectivités locales et régionales ?

 

Il est devenu incontestable que les villes ne sont pas adaptées aux besoins des femmes. Créés par et pour les hommes, les espaces urbains ne sont pas aussi neutres que l’on pourrait le croire. Le Corbusier lui-même avait en tête un homme d’1m80 lorsqu’il a développé le Modulor, une silhouette humaine standardisée utilisée comme référence dans la conception de certains logements. Il est donc essentiel aujourd’hui que les autorités locales saisissent l’importance de l’urbanisme comme outil pour faire progresser l’égalité des genres et l’inclusion.

 

Qui est impliqué ?

 

Pour l’instant, ce projet est mené par une équipe d’architectes et d’expert.e.s en planification urbaine, en politiques de genre et de durabilité dont Raquel Teixeira dos Santos, Mélissande Boyer et Emilie Alexandre. Le projet a le soutien de plusieurs ministres et administrations publiques de la région de Bruxelles telles que urban.brussels, equal.brussels et perspective.brussels. L’équipe a déjà réuni un certain nombre de partenaires public.que.s dans différents domaines et pays, bien que la pandémie mondiale ait rendu difficiles la constitution d’un réseau et la mise en relation avec d’autres organisations intéressées. Néanmoins, elles espèrent que les choses reviendront doucement à la normale dans les prochains mois et qu’elles pourront recommencer à faire des rencontres en personne et à promouvoir leur projet.

 

Aujourd’hui, elles souhaitent véritablement apprendre de leurs consœurs situées dans d’autres villes. Leur objectif est de construire une communauté et de disposer d’assez de volontaires pour mener à bien le projet.

 

Si vous souhaitez rejoindre le projet ou en savoir plus, rendez-vous sur leur site internet !

 

Par Romane Seas


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