Planification urbaine selon les filles



 

En 2010, la ville de Malmö a entamé un grand projet afin de développer des piétonniers et des pistes cyclables connectant le centre de Malmö à la banlieue de Rosengård, moins avantagée d’un point de vue socio-économique. Le projet a été financé par le Fonds européen de développement régional et par la Délégation suédoise pour un urbanisme durable. L’un des objectifs principaux du projet était d’impliquer les habitants grâce à un dialogue actif entre citoyens afin de leur donner l’opportunité de prendre part aux activités et d’influencer leur environnement direct.

 

Dans le cadre du projet, un ancien parking était destiné à être transformé en espace dédié aux activités pour les jeunes. Lorsque les premiers plans ont été réalisés, ceux-ci étaient fondés sur la notion que les gens avaient d’un espace urbain dédié aux activités pour les jeunes : possibilités de skate park, des murs d’escalade, panneaux pour graffiti, etc. Toutefois, en analysant le public visé pour de telles activités, des études ont démontré que la majorité des jeunes à faire ce genre d’activités était des jeunes hommes et des garçons. Cette observation suscita la question de savoir pour qui exactement la ville réalisait les plans. Après quelques recherches, il s’est avéré que les activités de loisirs proposées pour les jeunes étaient principalement organisées pour des jeunes hommes et garçons (seulement 10-20% des visiteurs étaient des filles). En ce qui concerne les activités sportives, les scénarios étaient pareils : seules deux équipes sportives sur 19 à Rosengård étaient des équipes féminines. Même à travers de simples observations de l’environnement extérieur, il en ressort qu’il est dominé par les hommes.

 

Il a été décidé que le nouvel espace pour les activités de Rosengård devrait faire un effort pour que le lieu soit fréquenté autant par les jeunes hommes que pour les jeunes femmes. Le projet a alors décidé d’impliquer les jeunes femmes et filles du voisinage, vu que cette partie de la population est souvent ignorée, autant dans les statistiques que par les médias. D’autres priorités se sont concentrées sur la durabilité et l’amélioration du processus de participation permettant aux citoyens d’être plus impliqués.

 

Un groupe de défense composé de jeunes femmes a alors été créé afin de contribuer par leurs idées concernant les activités qui pourraient être organisées dans cet espace urbain. Le groupe a demandé qu’il y ait plus d’activités culturelles liées à la musique et à la danse par rapport aux activités sportives. Dans un deuxième temps, un groupe de parties prenantes composé d’associations locales et de petites entreprises a été impliqué dans le projet. Ces groupes ont été responsables de la planification du programme d’activités et pouvaient aussi influencer les dépenses budgétaires. L’objectif était de compter sur l’engagement des groupes afin d’offrir des activités qui soient gérées et entretenues par les usagers mêmes, entre autre, les habitants du voisinage.  

 

L’approche s’est avérée être une réussite. Tout au long de l’année, de jeunes personnes issues de différents groupes ont participé à la préparation et l’organisation de plusieurs activités telles que la projection de films, un événement sur la durabilité et le marché de noël.

 

De plus, afin d’impliquer encore plus les habitants dans le projet et leur permettre de s’approprier l’espace, un concours a été organisé dans la banlieue afin de trouver un nom à l’espace urbain en question. « Rosens Red Carpet » en a été le vainqueur.

 

Le travail du groupe de défense composé de jeunes femmes a été reconnu par les médias et a généré un débat public sur l’importance d’inclure l’égalité des genres dans la planification urbaine. Lorsque le projet a pris fin, le groupe de défense a voulu continuer leur travail et ont donc créé leur propre groupe de défense « Engaged in Malmö » (engagé dans la ville de Malmö). Ce groupe continue d’organiser des événements publics, aidant les filles à mettre en pratique leurs idées et encourage les citoyens à participer à la planification urbaine de la ville.

 

La ville de Malmö espère que cette nouvelle méthode de travail collaborative peut être un modèle pour le futur à Malmö et dans d’autres municipalités pour l’égalité des genres et la durabilité sociale.

 

« Rosen’s Red Carpet » montre que nous devons sans cesse nous rappeler que le genre n’est pas un aspect qui est automatiquement pris en compte lors des processus de planification. Au contraire, cela demande un questionnement constant des normes existantes. Lorsque l’on pense planifier pour « tout le monde » ou pour le « grand public », cela pourrait ne pas être le cas. Au contraire, il est fort possible que de grands groupes ne soient pas pris en compte dans le processus de planification. De plus, l’égalité et l’inclusion sociale ne sont pas des notions permanentes, elles nécessitent un processus de réflexions continue.  

 

Pour de plus amples informations sur le projet, veuillez cliquer sur les liens suivants (informations disponibles en suédois seulement) :

 


facebook

Good practices