Des maires aux eurodéputés : une nouvelle étude lève le voile sur la représentation des femmes en Europe


Alors que les femmes constituent la moitié de l’humanité, elle ne représentent que 1/3 des décideurs politiques en Europe et environ 15% des maires. Une nouvelle étude du Conseil des Communes et Régions d’Europe (CCRE) montre que, malgré quelques progrès, le monde de la politique reste masculin.

 

Unique en son genre, « Les femmes en politique: tendances locales et européennes » fournit une analyse précise et approfondie de la représentation des femmes en politique dans 41 pays européens, et ce, à tous les niveaux de gouvernement, des conseils municipaux jusqu’au Parlement européen.

 

S’appuyant sur des données ventilées par pays sur une période de dix ans, l’étude apporte un éclairage sur la situation des femmes en politique et les éléments qui ont été vecteurs de progrès. Elle propose des pistes pour impulser une dynamique d’égalité des femmes et des hommes en politique.

 

Malgré quelques avancées, les femmes sont encore sous-représentées à tous les niveaux de pouvoir

Bien que les femmes restent sous-représentées, quelques progrès sont à noter au sein des conseils municipaux. La proportion moyenne d’élues locales est de 29 % alors qu’elle était de 23,4% en 2008. La situation varie toutefois considérablement d’un pays à l’autre. En Turquie, les femmes composent 10,7% des assemblées municipales. En Islande, cette proportion atteint 47,2%. Les capitales européennes sont-elles plus égalitaires ? Seules 8 des 41 capitales européennes sont dirigées par des femmes maires.

 

Dans les pays dotés d’assemblées régionales, l’écart est comparable à celui décrit pour le niveau local, passant de 13,9% de femmes en Slovaquie à 49% en France, pays où des quotas ont été instaurés depuis 2000

 

La gouverneur de Türi (Estonie) et membre de la commission permanente pour l’égalité du CCRE, Pipi-Liis Siemann, a déclaré: « Combien d’années nous faudra-t-il encore avant d’atteindre la parité en politique en Europe ? Cette étude montre que, malgré quelques avancées, les progrès sont timides et lents. Les Européens méritent mieux et l’humanité mérite beaucoup plus encore. »

 
 
Qu’en est-il au sein des parlements nationaux ? La proportion moyenne de femmes dans les hémicycles nationaux est passée de 21,9% en 2009 à 28,5% en 2019. Au Parlement européen, cette proportion a régulièrement augmenté, passant de 15% en 1979 à 40% aujourd’hui. A noter toutefois que les femmes ne sont pas représentées en nombre égal dans les groupes politiques, certains tombant sous la barre des 35%.
 

Si les quotas sont indispensables, ils ne sont pas la panacée

L’analyse globale de la situation des femmes en politique atteste de l’efficacité des quotas et d’autres mesures incitatives. Entre 2008 et 2019, les 14 pays qui ont instaurés des quotas contraignants ont vu la part des élues locales augmenter de 22,8% à 31,5%, soit une augmentation de 8,7 points de pourcentage.

 

En revanche, les pays sans quotas n’ont enregistré qu’une augmentation de 4 points de pourcentage au cours de la même période. Les quotas ont également prouvé leur efficacité au sein des organisations européennes. Au CCRE par exemple, des quotas ont été fixés en 2013 et la parité est assurée au sein de ses instances de décision.

 

« Si les quotas sont indispensables, ils ne sont pas la panacée. Les femmes font face à des défis structurels et à des préjugés profondément enracinés. Des mesures plus énergiques doivent être prises par les partis politiques, par toutes les sphères de gouvernance etla société civile », a déclaré le président de la commission permanente pour l’égalité du CCRE et conseiller de la région d’Östergötland (Suède), Emil Broberg.

 

C’est pourquoi, chaque acteur, à son échelle, doit mettre la lumière sur l’état réel des inégalités femmes-hommes. D’autres mesures comme un soutien financier et politique en faveur de programmes de formation et de mentorat pour les futures dirigeantes devraient également être prises. Par ailleurs, les partis politiques devraient s’engager à assurer la parité de leurs listes électorales, leurs candidats et leurs élus.

 

Besoin de données ventilées par sexe au niveau local

À l’heure actuelle, recueillir des données relatives à la représentation des femmes en politique au niveau infranational en Europe est un vrai parcours du combattant. « Nous ne pouvons avancer dans le noir en matière d’égalité des genres. Comment pouvons-nous atteindre la parité en politique sans boussole, sans données permettant de suivre les progrès accomplis? La collecte et l’analyse de données ventilées par sexe doivent faire partie de la future stratégie européenne de von der Leyen en matière d’égalité femmes-hommes », a déclaré la vice-présidente du CCRE et maire de Cumpăna Mariana Gâju.

 

Des propos qui, nous l’espérons, trouveront une certaine résonance auprès de la nouvelle présidente von der Leyen qui s’est clairement engagée en faveur de l’égalité, à commencer au sein de son collège de commissaires. L’UE s’est également engagée à mettre en œuvre les objectifs de développement durable des Nations unies, parmi lesquels l’égalité des genres.

 

Alors que l’UE prend un nouveau départ, ne manquons pas l’occasion de rappeler que les inégalités entre les femmes et les hommes sont toujours prégnantes en Europe. L’égalité doit constituer un élément central dans la définition des priorités pour les sept prochaines années et du futur cadre financier pluriannuel.

 

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