“L’UE serait moins un club d’hommes si les femmes avaient l’opportunité de faire de la politique aux niveaux national et local,” déclare la Commissaire européenne au commerce
Power2Her – entretien avec la Commissaire européenne au commerce, Cecilia Malmström
“L’UE serait moins un club d’hommes si les femmes avaient l’opportunité de faire de la politique aux niveaux national et local,” déclare la Commissaire européenne au commerce
Aujourd’hui, moins de 20% des maires et moins de 30% des membres des parlements nationaux en Europe sont des femmes.
A l’approche des élections européennes de 2019, au CCRE, nous voulons saisir cette opportunité pour renverser cette tendance. A travers notre campagne “Power2Her – Elections européennes 2019”, nous donnerons de la visibilité aux femmes en politique et continuerons à plaider pour une représentation égale dans les positions de pouvoir.
Dans le cadre de cette campagne, notre Secrétariat a eu un entretien avec la Commissaire européenne au commerce, Cecilia Malmström, sur la participation des femmes en politique.
Avant de devenir Commissaire, vous avez travaillé au niveau local. Selon votre expérience, quels sont les principaux défis auxquels les villes sont confrontées pour promouvoir l’égalité des sexes ?
Je pense que les défis sont très différents selon les villes et les régions. De toute évidence, l’absence de représentation féminine dans les assemblées élues est, dans la plupart des cas, un problème commun auquel sont confrontées de nombreuses villes.
Cependant, les solutions peuvent varier ; il pourrait s’agir d’une meilleure éducation, de meilleurs soins de santé ou d’un meilleur logement, ainsi que d’une meilleure prise en charge des enfants pour que les hommes et les femmes puissent travailler et avoir une famille.
En tant que femme, votre expérience locale a-t-elle eu un impact particulier sur votre carrière nationale et européenne ?
Mes années en politique locale m’ont été utiles car elles m’ont donné une bonne base, fondée sur des contacts réguliers avec les citoyens. Cette expérience m’a été utile alors que je m’engageais davantage dans la politique nationale et européenne.
Cependant, la façon dont la politique est menée est similaire à tous les niveaux. Vous devez créer des réseaux, des groupes de militants et vous allier à des personnes constructives – des femmes aussi bien que des hommes – si vous voulez réaliser quelque chose. J’ai appris cela très tôt dans mon travail politique au niveau local.
Les femmes restent sous-représentées aux postes décisionnels à tous les niveaux. Pourquoi est-il important d’avoir plus de femmes à des postes de direction ?
Il est extrêmement important que tous ceux qui occupent des postes de direction dans les sociétés – qu’il s’agisse du secteur privé, des institutions gouvernementales ou de la société civile – représentent un échantillon représentatif de la société. Les décisions prises sont meilleures s’il y a un bon équilibre entre les femmes et les hommes.
Comment contribuez-vous à inverser cette tendance ?
En ma qualité de Commissaire européenne chargée du commerce, je saisis chaque occasion de souligner l’importance de l’égalité des sexes pour la croissance économique et les possibilités que le commerce peut offrir aux femmes. Je me suis engagé au niveau international pour essayer de promouvoir des politiques commerciales sensibles au genre. Nous accordons une attention particulière à la façon dont le commerce peut profiter davantage aux femmes. Nous savons qu’il existe des obstacles spécifiques qui affectent les femmes dans ce domaine.
Mais nous savons aussi que lorsque les femmes sont profondément engagées dans le commerce, en particulier dans les pays en développement, cela a des effets positifs sur les niveaux d’éducation et la santé de leur famille. D’une manière plus générale, une meilleure égalité entre les femmes et les hommes entraîne également une hausse des niveaux d’emploi et contribue à relever les défis posés par le vieillissement de nos sociétés en Europe.
Selon le Rapport 2018 du Forum économique mondial sur l’inégalité hommes-femmes, l’autonomisation politique est l’une des questions les plus difficiles pour l’égalité des sexes. Comment les institutions européennes peuvent-elles contribuer à combler cet écart ?
L’égalité femmes-hommes est l’un des principes fondamentaux de l’UE et nous devons étudier les moyens de l’améliorer.
La politique européenne serait moins un club d’hommes si les femmes avaient la possibilité de participer de manière active dans la politique au niveau national mais aussi local, car c’est là que commence la participation politique. A cet égard, il est important d’utiliser les instruments déjà existants de l’UE qui promeuvent l’égalité femmes-hommes, ainsi que des campagnes de sensibilisation et des formations. Certains partis politiques pourraient travailler avec des quotas ou instaurer un système d’alternance femmes/hommes sur leurs listes de partis. L’outil le plus important est probablement de s’engager à soutenir les réseaux où d’autres femmes peuvent servir de modèles, donner des conseils et offrir du mentorat.
2018 a été une année cruciale pour les femmes. Rappelons la grève des femmes espagnoles, et pour la première fois, les femmes sont majoritaires au Congrès américain. À votre avis, à quoi ressemblera 2019 ?
N’oublions pas l’amendement de la loi sur l’avortement en Irlande !
J’espère qu’en 2019, nous verrons davantage de prise de décisions qui promeuvent et maintiennent l’égalité femmes-hommes. Il s’agit notamment de promouvoir l’éducation, les possibilités de posséder et d’exploiter une entreprise et favoriser les mesures visant à remédier aux inégalités sur le marché du travail.
Nous devons également nous opposer aux forces politiques fortes qui rejettent les progrès que nous avons réalisés en matière d’égalité des sexes et à ceux qui se présentent ouvertement comme anti-féministes.
Les élections européennes approchent à grand pas. Qu’attendez-vous de voir en mai prochain ?
Les citoyens européens auront un choix important à faire en mai 2019 et nous espérons que ces élections pousseront un grand nombre de personne aux urnes pour exprimer leurs priorités pour l’avenir de l’Europe. Ces élections en mai 2019 sont plus importantes que jamais. Les britanniques vont quitter l’Union Européenne. Les forces anti-européennes, anti-immigrées, anti-mondialisation, et souvent aussi anti-féministes s’organisent pour se présenter aux élections.
Ce sera une élection qui définira quelle direction l’Europe devra prendre dans les années à venir, mais aussi cette élection sera à propos des valeurs européennes et de notre capacité à défendre la démocratie, la tolérance, l’Etat de droit, l’égalité, etc. Alors, faites bon usage de votre droit de vote!